On croyait que ce film, Indigènes, trouvait un équilibre correct entre repentance légitime et repentance absurde. On sera déçu.
Non seulement ses auteurs sont personnellement fort peu estimables et recommandables. Que l'on pense à Samy Naceri, récemment impliqué dans un imbroglio judiciaire étrange. Que l'on pense aux déclarations de ces acteurs sur TF1 lors de la promotion du film, qui s'indignaient qu'à l'époque, on donnait "des tomates et du vin" aux Français, mais que de la soupe aux soldats coloniaux ! Comme si ces mêmes gens ne se seraient pas également indignés que la République française ose donner du vin (de l'alcool donc) à des combattants musulmans ! On peut en déduire l'ignorance crasse non seulement du dossier en lui-même, mais de leurs propres origines, et lire, sans forcer le trait, dans cette entreprise cinématographique, plus un règlement de comptes pas trop mal filmé qu'un souci de faire du cinéma sérieux et rigoureux historiquement, sans intentions malsaines...
Mais surtout, -c'est le point où je voulais en venir-, comment ne pas s'indigner que ce film, apparemment franco-maroco-algéro-belge, mains financé à 90% par la France, et en particulier par les chaînes publiques françaises, soit présenté, alors qu'il est en piste pour l'Oscar du meilleur film étranger, comme "film algérien", selon de le voeu de Rachid Bouchareb, son réalisateur ? Cet homme a la nationalité franco-algérienne, sait qu'il doit le film à la France d'aujourd'hui - il peut critiquer la France d'hier, mais non celle qui lui a permis de faire exister cette oeuvre -, et ne trouve comme signe de gratitude et réconciliation judicieuse que le moyen de faire comme Zidane il y a quelques semaines : "je suis fier d'être Algérien" ? En finira-t-on avec cette hypocrisir, cette ingratitude, cette mauvaise éducation et cette primitivité de soi-disant artistes qui s'encouragent mutuellement à régler des comptes de façon scandaleuse sur le dos des Français d'aujourd'hui ?
Cet homme devrait être déchu de la nationalité française. C'est la condition expresse de la double nationalité : si un citoyen français, bénéficiant par les lois généreuses de la République, de la possibilité de vivre également d'une autre culture, il doit revendiquer cette double nationalité partout où il agit en tant que représentant et ambassadeur culturel, sportif ou politique de la France. Et quand les circonstances imposent de trancher, il s'agit de considérer quelle est le principal moteur de cette ambassade : or, il est clair que dans le cas qui nous occupe il s'agir d'un film français, parce que le sujet est français, et que le financement est de manière écrasante français, qui plus est, sur des fonds publics.