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 Projet de tutorat à l'ENS pour la banlieue

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AuteurMessage
Aubanel
Invité




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MessageSujet: Projet de tutorat à l'ENS pour la banlieue   Projet de tutorat à l'ENS pour la banlieue EmptyJeu 12 Oct - 19:54

Publié dans Libération aujourd'hui :

Citation :
«C e que je vise maintenant pour mes élèves, c'est Normal sup» : Henri Théodet est le proviseur du lycée Blanqui à Saint-Ouen, un établissement de Seine-Saint-Denis, classé tout à la fois en zone violence et en zone sensible. Plus de 53 % des élèves y sont issus de catégories sociales défavorisées contre 28,6 % au niveau national. Mais le proviseur refuse de baisser les bras. Il a déjà signé une convention éducation prioritaire avec Sciences-Po et a lancé des clas-ses expérimentales de seconde. Et il fait désormais partie des treize premiers lycées impliqués dans le programme de l'Ecole normale supérieure pour promouvoir les élèves des quartiers défavorisés.

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L'égalité des chances dans l'éducation


Coup d'envoi. L'ENS de la rue d'Ulm se lance à son tour dans la bataille pour «l'égalité des chances». En présence du ministre de l'Education, Gilles de Robien, la directrice Monique Canto-Sperber a donné le coup d'envoi du programme «Entrer en prépa, entrer à l'ENS, c'est possible !» Ce projet vise à relancer l'ascenseur social et à refaire de l'ENS un lieu de mixité sociale. En-tre 1951 et 1955, les jeunes d'origine modeste y étaient 29 %, contre 9 % trente ans plus tard. Ils ont aujourd'hui 24 fois moins de chances d'intégrer une grande école que des enfants de cadres ou d'enseignants.
«Nous voulons que notre école, qui fut pendant des décennies la plus ouverte des grandes écoles, retrouve cette vocation, a plaidé Monique Canto-Sperber dans la salle des actes de la prestigieuse maison. Si nous échouons, il faudra en conclure que le monde scolaire est définitivement cloisonné, et que là où on naît, on reste. Pour les anciens élèves de l'école républicaine française que nous sommes, ce serait une conclusion inadmissible.»
Une cinquantaine d'élèves d'Ulm sont impliqués dans le projet qui va toucher, dans un premier temps, quelque 80 lycéens «talentueux» et «travailleurs», généralement de première. Chaque normalien s'occupera de deux élèves. Les tuteurs proposeront deux heures de cours, littéraire ou scientifique, toutes les deux semaines, alternativement rue d'Ulm et sur place, et une heure par semaine de langue. Pour la province, le tutorat se fera à distance par ordinateur. Trois fois par an, les normaliens iront sur place. Les lycéens viendront, eux, deux fois à Ulm pour des stages intensifs.
«D'abord nous allons informer sur les filières de l'ENS, il faut briser la barrière psychologique qui interdit à ces élèves de s'y intéresser, explique Son-Thierry Ly, en première année de biologie à l'ENS. Puis nous accompagnerons les élèves au long de la scolarité, pour faire partager notre passion du savoir plutôt que pour du soutien scolaire. Enfin nous voulons créer un environnement culturel stimulant, conseiller des lectures, encourager la qualité de l'expression.» En faisant cela, «vous allez trouver un supplément de bonheur, un supplément d'âme», s'est exclamé Robien, qui alloue 25 000 euros au projet. Aux côtés notamment de la région Ile-de-France qui donne 20 000 euros.
Mais ce tutorat, ne suffira pas à combler le retard accumulé par des jeunes chez qui souvent il n'y a pas de bibliothèque ni même de livres, et où les conversations sont à mille lieux des discussions livresques au milieu desquelles la plupart des normaliens ont grandi. Or, le principal concours littéraire (intitulé AL) d'entrée à Normale sup comporte essentiellement des dissertations, requérant avant tout d'excellentes qualités d'expression et une vaste culture.
Anonymat. Interrogée, la directrice de l'ENS reconnaît le problème. Et avance plusieurs pistes de réflexion : «On pourrait augmenter la part des épreu-ves techniques, c'est-à-dire de langues ancienne et vivante, et éventuellement en introduire une nouvelle sur la technique argumentative, l'aptitude à raisonner.» Mais pas question de remettre en cause le sacro-saint principe républicain et méritocratique du concours unique et anonyme. Ni de faire de la discrimination positive comme Sciences-Po qui a mis en place un concours d'entrée spécifique pour les candidats issus des ZEP.
«Il y a quelques années, dans nos lycées de banlieue, les conseillers d'orientation ne parlaient même pas de Sciences-Po ou de Normale sup, car il était inimaginable qu'un élève y entre, c'était exclu du paysage, se souvient Henri Théodet qui a ouvert une prépa littéraire dans son lycée et a déjà eu trois sous-admissibles à l'ENS. A partir du moment où cela devient possible, ça donne des ambitions, on ne pense plus que comme on est dans le 93, on ne peut pas, ça renforce l'envie de réussir et de se battre.»

C'est tout de même extraordinaire ce que l'on peut se donner bonne conscience à peu de frais. L'accès à l'éducation est aujourd'hui plus élitiste qu'il y a 50 ans, et ils ne se posent pas de questions sur l'échec de leurs politiques pédagogiques et éducatives...Si on sortait de Mai 1968 et si on donnait à l'école l'horizon d'excellence qu'elle avait il y a 50 ans, peut-être qu'on serait plus démocratique ! Ce n'est pas en donnant à 100 gars des banlieues le privilège - non républicain, parce que d'autres ne l'ont pas,- d'avoir un tuteur normalien, qu'on réglera l'échec complet du projet éducatif de la culture française contemporaine.

Soyons lucides : ce tutorat est une prolongation des avantages familiaux dont ont bénéficié les normaliens, fils de professeurs. Or, ce qu'on attend des normaliens, ce n'est pas une réponse familiale, c'est une politique éducative pour tous: républicaine.
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Oriane
Haruspice
Oriane


Nombre de messages : 7
Date d'inscription : 15/09/2006

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MessageSujet: Re: Projet de tutorat à l'ENS pour la banlieue   Projet de tutorat à l'ENS pour la banlieue EmptyJeu 12 Oct - 22:31

Ce que je trouve tout de même extraordinaire dans cette affaire, c'est que l'on nous présente comme une mesure d'exception destinée à quelques-uns, qui deviennent ainsi ni plus ni moins que des privilégiés d'une nouvelle génération, ce qui devrait être l'horizon à atteindre de toute éducation dispensée dans le système public, je cite :
Citation :
faire partager notre passion du savoir plutôt que du soutien scolaire [...] créer un environnement culturel stimulant, conseiller des lectures, encourager la qualité de l'expression
Ces objectifs somme toute tout ce qu'il y a de plus honorable deviennent en quelque sorte le fin du fin d'une nouvelle politique sociale, alors qu'ils sont me semblent-ils le b a ba de l'éducation.
Une mesure comme celle de ce tutorat n'a donc pas de sens en l'absence d'une réflexion de fond sur un système éducatif qui n'est plus capable de "cultiver de manière stimulante", ni de "partager la passion du savoir" avec ses élèves.
Et ce n'est pas un soutien au coup par coup qui permettra d'obtenir ce qui serait une véritable égalité des chances, à savoir une solide formation pour tous, qui permette au plus brillant d'émerger indépendamment de ses origines, pour peu que l'école lui donne les armes d'un savoir complet.
Charles Péguy a intégré Normale Sup avec un père chômeur et une grand-mère rempailleuse de chaises, mais avec comme professeur un de ces "hussards noirs" que sa plume immortalisera, qui lui a donné les bases de culture indispensables pour réussir à ce beau concours qu'est celui de la rue d'Ulm, par son mérite. Le pauvre petit Charles Péguy aujourd'hui, s'il n'a pas la chance soit d'être fils de prof, soit d'avoir été sélectionné par la grande loterie sociale du lycée-le-plus-défavorisé-qui-aura-droit-à-un-article-dans-libé, est condamné à végéter avec un enseignement médiocre qui se fiche pas mal de lui donner des moyens et des horizons à la hauteur de son travail.
L'arbitraire de la naissance est remplacé par l'arbitraire de la subvention et assimilés, et pendant ce temps on se dispense d'une réforme de fond.
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