De l'avance pour Nicolas Sarkozy

La situation s'est retournée en quelques semaines. Au lieu de profiter de son élan et de la dynamique fantastique des primaires "exemplaires", Ségolène Royal s'est retrouvée victime de sa propre idéologie : la démocratie participative. Elle a fait, par les débats locaux, l'inverse de ce qu'elle a fait pour conquérir le Parti Socialiste : de la sous-médiatisation volontariste. Elle s'est prise au mot.

Nicolas Sarkozy, à la stratégie beaucoup plus classique de conquête du pouvoir, a fait avancer ses bulldozers de la communication méthodiquement, déroulant son plan établi depuis de si nombreuses années. Ce n'était pas très fin. Il y a eu de nombreux compromis dignes de Jacques Chirac de la dernière minute (la condamnation de la guerre en Irak, l'abandon de la réforme présidentielle de la Vème république). Mais c'était classique, efficace, et avec un peu de cette énergie personnelle dont il est doué, cela suffit à masser plusieurs dizaines de milliers de militants bourgeois à la porte de Versailles.

Si on additionne le cafouillage entre François Hollande et Ségolène Royal, lui aussi peu classique, puisque c'est la première fois qu' on retrouve un couple présidentiel candidat, dont l'un tient le parti, l'autre la candidature, plus la bourde spectaculaire d'Arnaud Montebourg, et enfin le voyage triste de Ségolène Royal en Chine, on obtient le sondage d'aujourd'hui qui traduit un réel effondrement des intentions de vote :

Citation :

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy prend une avance confortable de treize points sur Ségolène Royal en termes de pronostic de victoire au second tour de l'élection présidentielle, selon un sondage Ifop pour Profession politique.

Le président de l'UMP recueille 51%, contre 38% pour la candidate socialiste, le dirigeant du Front national Jean-Marie Le Pen arrivant en troisième position (4%), devant le président de l'UDF François Bayrou (2%).

La pente prise est bien descendue, et en remonter va être très difficile. Car le problème qui se pose maintenant pour elle, c'est de parvenir à continuer dans le silence de sa campagne participative, de dévoiler le programme présidentiel dans un mois (un mois ! c'est beaucoup trop long dans une campagne comme celle-là), puis de faire les réajustements en fonction des réactions des uns et des autres dans le délai de la dernière ligne droite...

Alors, certes, on ne connaît pas encore les erreurs potentielles de Nicolas Sarkozy. On ne connaît pas les manoeuvres qui, probablement, continuent à se tramer dans le camp chiraquien. Mais il faut avouer que s'il y a un mois, on pouvait parier gros sur Ségolène Royal, aujourd'hui, comme au poker, on demande à voir.