Il semble que Sarkozy tente avant tout de rassurer les Français.
Certes, rassembler les droites est un phénomène très novateur. (la création de l'UMP était à ce titre historique, comme l'avait souligné à l'époque René Rémond. Mais d'autres théoriciens, tels que Philippe Bénéton ou Philippe Némo, montrent que les familles de pensée de la droite ne peuvent pas toutes marcher dans le même sens, leurs présupposés s'opposant diamétralement.) A ce titre, l'émergence de courants au sein de l'Ump est un phénomène très positif.
"Libéralisme populaire" ne veut rien dire, en soi. Celui de Thatcher était "impopulaire", au moment de la "poll tax". Celui de Reagan a été réellement plébiscité par de nombreux américains, même s'il n'avait pas été pensé par le président. L'image du "capitalisme" est calamiteuse en France - le terme dépréciatif d'"ultralibéral" désigne abusivement des gens qui ne sont même pas libertariens, mais simplement partisans de l'économie de marché. Sarkozy cherche à se faire élire.
Il caresse dans le sens du poil la fierté nationale en prônant un libéralisme "à la Française", alors que le libéralisme n'est ni français, ni anglais, ni rien du tout. (Remarquons au passage que les fondateurs de la riche pensée libérale étaient bien sûr des Français, au 18° et au 19° ) Et lorsque l'on sait que d'autres pays sont dans une meilleure situation économique et sociale que la France, cette dernière pourrait un peu s'inspirer d'eux. L'économie française est loin d'être un marché "sans règles" - Sarkozy joue ici sur la peur de la nouveauté. En revanche, la fascination pour la nouveauté est ce qui avait fait commettre à Hayek une erreur dans son fameux article. Non, le conservatisme n'est pas dangereux à un tel point.
Les droites ne peuvent s'unir sur ces points: ces derniers sont encore très mal compris, et mal perçus. La France, elle, est encore prisonnière de deux choses. D'une part, d'idéologies que je ne citerai pas ici. De l'autre, de structures héritées de la reconstruction du pays au lendemain de la 2 GM, qui sont inadaptées à la tournure prise par les événements.
Le discours de Sarko est consensuel, mais a le mérite d'être franc. Si Sarkozy peut montrer que les idées de droite sont pertinentes, son discours aura de grandes répercussions parmi les Français. Mais ce serait un exploit, en effet.