Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Attention ! Les propos de ce forum n'engagent que leurs auteurs et non l'association elle-même.
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

 

 Une "Union méditerranéenne" ?

Aller en bas 
AuteurMessage
Alresch
Haruspice



Nombre de messages : 13
Date d'inscription : 18/01/2007

Une "Union méditerranéenne" ? Empty
MessageSujet: Une "Union méditerranéenne" ?   Une "Union méditerranéenne" ? EmptyJeu 8 Fév - 13:45

Surprise hier. On croyait que Nicolas Sarkozy avait tout dit de son programme, on découvre une mesure phare et de première importance, propre à attirer l'attention de tous : "l'Union Méditerranéenne".

Citation :
Nicolas Sarkozy a proposé mercredi que la France prenne l'initiative de construire une "Union méditerranéenne" sur le modèle de l'Union européenne pour relancer le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.
Nouvel Observateur, daté du mercredi 7 février 2007

Difficile de ne pas trouver cette idée sympathique : réconciliation entre les peuples, relance subtile du prestige européen de la France en décalant son champ d'action diplomatique de Bruxelles à la Côte d'Azur; très habile façon de trouver une porte de sortie aux scandaleuses négociations d'adhésion à l'Union Européenne de la Turquie. Tout le monde sent d'un coup, avec une telle idée, qu'effectivement, la Turquie aura sa place dans l'une, pas dans l'autre. Et puis il y a l'exotisme de l'idée, la chaleur ensoleillée de la générosité du projet, l'image du dialogue avec l'Islam...

N'oublions pas non plus l'essentiel : sur le plan géopolitique, c'est redonner à la France un rôle de premier plan dans la tradition de l'empire colonial et de la politique arabe de la France. C'est surtout donner une deuxième carte à jouer à la francophonie. Dans ce nouvel espace méditerranéen, quelle place pour l'anglais ? quelle place pour un concurrent de la langue française ? quelle puissance concurrente de la France ? quel couple "franco-allemand" pour plomber d'idéologie l'élan de l'Union ?

Tout cela respire l'idée stimulante politiquement. Mais il n'y a en fait rien de sérieux, sinon en termes politiciens.

En effet, toute une série de questions parfaitement insolubles se présentent, qui montrent les limites criantes des systèmes supranationaux utopiques à la bruxelloise, et démontre le caractère politicien de cette déclaration.

Premièrement, pour quoi faire ? Développer le Sud ? On ne peut pas dire que ce soit la partie du Sud qui mérite qu'on l'aide. Le Maroc, la Tunisie, l'Eypte, etc. ne sont pas des pays pauvres. Pendant qu'on se fait plaisir pour faire plaisir à l'électorat d'origine maghrébine, les Africains d'Afrique noire meurent du SIDA et de faim. Au niveau du co-développement, cela n'a aucun sens.

Deuxièmement, y a-t-il l'essentiel, c'est-à-dire l'intuition évidente que nous appartenons au même espace, brisé par les vicissitudes de l'histoire, comme ce fut l'intuition de tous en Europe au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ? En un sens oui : n'oublions pas que la marque de l'Empire romain est si forte, que la culture héritée de la civilisation gréco-romaine a réussi à faire accroire que, malgré l'irruption violente majeure de l'Islam et les réponses des Croisades, l'espace méditerranéen reste fidèle à son étymologie "Mare nostrum". Il y a là un mystère de la puissance politique impériale de Rome. Car même si nous trouvons des espaces maritimes fermés susceptibles d'être des "mare nostrum" ailleurs, il n'y a jamais eu autant symbiose entre la nature géographique et la culture géographique. Mais peut-on en rester là ? Cette rente de l'empire romain est-elle mobilisable telle que ? En effet, nul ne peut nier que les mêmes raisons qui font refuser l'entrée de la Turquie - qu'on le veuille ou non, c'est sa culture musulmane qui en est cause -, feront refuser la mutualisation des instances politiques de décision et de souveraineté. Qui veut par ailleurs, pour prendre l'exemple emblématique de la possibilité d'une culture européenne, que soit reprise et développée l'idée de Jacques Chirac d'un Erasmus méditerranéen ? Entendez-moi bien : je n'ai aucune espèce de xénophobie. Mais ce n'est pas la même chose d'être un Français faisant un échange scolaire avec l'Allemagne dans les années 1960 et d'être un Français faisant un échange scolaire avec la Tunisie aujourd'hui. Ce qui n'enlève pas aux flux de tourisme leur intérêt : connaître une autre civilisation est bon, en déduire que la connaissance passe par la fédération des Etats est une sottise.
Reconnaissons que Nicolas Sarkozy se refuse en fait subtilement à avouer qu'il préfère que l'on crée une entité méditerrannéenne où l'Islam soit présent de manière massive, pour mieux défendre l'idée que l'Europe soit chrétienne ? Ou mieux, Nicolas Sarkozy ne dit-il pas tout et son contraire quand il revendique "deux mille ans de christianisme" pour la France afin de séduire l'électorat catholique, et quand il invoque dans son discours de Toulon où il lance l'idée d'"Union méditerranéenne" la France des chrétiens et des musulmans, pour mieux capter l'électorat attaché à la trilogie black- blanc -beur ?

Troisième objection, matériellement majeure, et qui renvoie aux limites de l'Union européenne elle-même : la création d'un ensemble d'instances supranationales avec délégation de souveraineté. Sincèrement, qui ne bondit pas à l'idée que les Français aient à obéir à Paris, Bruxelles et Alger (ou Rome : où sera le siège de cette "U.M." ?) selon des droits imbriqués incompréhensibles ? L'Europe n'est pas lisible, la France n'est plus lisible, et on veut étendre l'illisibilité de tout cela au reste du monde ? Tout cela montre l'inconséquence gravissime, à l'heure où la pensée de la nation n'a jamais été aussi forte dans le monde et structurante des pays émergents comme des premières puissances, Etats-Unis, Inde, Chine, Brésil, Russie, nous nous obstinerons à briser, dans notre pays qui a pensé l'Etat-nation, ce qui reste de clarté et de mérite intrinsèque à ce système politique ?
"L'avenir de l'Europe est au Sud", a-t-il lancé. Nous voyons bien par là qu'il n'y a que deux interprétations possibles de son discours :
- ou bien c'est une proposition bidon destinée à séduire sans convaincre, pour se donner une stature de chef d'Etat capable de visions géopolitiques. Auquel cas cet homme est dangereux, car il préfère fuir les problèmes et en créer d'autres à des fins électorales.
- ou bien ses paroles, quelles que soient ses intentions, rencontrent les aspirations irréalistes de millions de gens sensibles à l'utopie du tout "Union européenne", et cet homme est en train de nous dire qu'il faut passer par une Union méditerrannéenne pour être sûr de pouvoir un jour étendre l'Union européenne au Sud et aux pays musulmans. Auquel cas il ne faut pas lire dans le refus de Nicolas Sarkozy de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne un refus de convictions, mais un refus tactique et politicien de celui qui savait que les Français étaient majoritairement contre.
Regardons ce que propose Nicolas Sarkozy. Il veut des instances permettant de réguler l'immigration, la course aux armements, de lutter contre le terrorisme, en adossant tout cela à un "espace judiciaire commun".
Soyons lucide : a-t-on besoin d'une "Union" pour réguler cela ? Ne peut-on pas considérer les débats en cours au sein de l'Union européenne sur la régulation de l'immigration et contribuer à les faire avancer, plutôt que les faire changer de référentiel pour mieux les empêcher de se résoudre en des solutions courageuses qu'il faudra assumer ? Des instances multilatérales ne suffisent-elles pas ?

Mais non ! Tout simplement parce que le but du candidat n'est pas d'être sérieux, mais de faire signe, de prendre une posture, de se donner des airs de visionnaire, indispensables à un futur président héritier du parti dit "gaulliste" . Autrement dit, nous avons là non pas une position politique, mais une manoeuvre de communication.

Nous avons bien raison : Nicolas Sarkozy a bien tout dit de son programme. Tout ce qui vient maintenant est du maquillage à la Chirac. Cela a un nom : l'incantation. Tel père, tel fils.
Revenir en haut Aller en bas
 
Une "Union méditerranéenne" ?
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» La "Paris School of Economics", anglaise avant d'e
» ALERTE "TSUNAMI - TCE" SUR LA FRANCE ET L'EUROPE

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 :: DES PISTES POUR DEBATTRE :: Géopolitique-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser