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 L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès

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Charles
Tribun



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MessageSujet: L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès   L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès EmptyMar 23 Jan - 2:02

Ce matin, Henri Grouès, surnommé l' "abbé Pierre", de son surnom de résistant, s'est éteint à l'âge de 94 ans. Tout la classe politique française a salué l'homme. Valéry Giscard d'Estaing est même allé jusqu'à demander des obsèques nationales. Ségolène Royal n'a pas hésité à récupérer l'oeuvre, à peine quelques semaines après l'opération des Don Quichotte. Nicolas Sarkozy n'y est pas allé non plus avec finesse, en invoquant, à l'heure où "ensemble, tout devient possible", la "foi et le charisme".

C'est que cet homme est en fait plein des contradictions du XXème siècle et des derniers feux du catholicisme français. Né à Lyon le 5 août 1912, Henri Grouès bénéficie d'un contexte familial très favorable à l'éclosion de la foi, puisqu'il naît dans une famille nombreuse aisée et pieuse, dont le père l'emmène à 12 ans chez les Hospitaliers veilleurs. A 16 ans, il sent éclore sa vocation. A 19 ans, il est chez les capucins, renonce à son héritage, vend tout pour le Christ, devient frère Philippe. Il est ordonné à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. L'homme est ardent et doué d'un tempérament solide devant l'épreuve. Il s'illustre dans la résistance après avoir servi comme sous-officier dans l'armée française jusqu'à la débâcle. Il participe à plusieurs maquis, sauve des Juifs, se fait arrêter par l'armée allemande, s'évade, rejoint l'Espagne, puis la France libre d'Alger. Une destinée qui semble déjà à tout point remarquable : de l'énergie, des convictions, pas de compromis, de la poigne et une certaine bonne étoile, qui lui permet d'accomplir des hauts faits contribuant à forger sa personnalité comme sa notoriété.

Il sera député de 1945 à 1951. Mais c'est en lançant le mouvement des Compagnons d'Emmaüs, pour aider les sans-logis, puis en le structurant à l'occasion de son appel à ce que les media de l'époque appelleront "l'insurrection de la bonté", qu'il prend sa stature nationale et même internationale. Faut-il rappeler que son appel poignant à Radio Luxembourg à donner 2000 couvertures aboutira à une formidable levée de dons de près de 500 millions de Francs ? Admirable charisme, don étonnant de soulever les foules et de réunir les coeurs. L'homme est sans tabous et en acquiert d'autant plus de sympathie. Foin de la dignité et de la morale, il n'hésite pas à utiliser ses talents d'athlète pour réaliser des plongeons spectaculaires, lui permettant de créer "l'événement". De la même façon, il participe à l'émission "Quitte ou Double", où il gagne 256 000 F pour ses oeuvres.

Ce qu'il y a alors de réellement édifiant chez le personnage, c'est la capacité à réunir la présence dans la Cité et l'attachement au pauvre. Soldat, athlète, acteur et résistant, député et prêtre, il met tout cela au service des pauvres.

Mais le problème d'Henri Grouès, c'est d'être resté dans ses prémisses et d'avoir transformé l'insurrection en institution. Comme souvent chez les révolutionnaires, la grâce des commencements ne sert pas à créer un mouvement capable de mûrir et de se métamorphoser, mais se transforme en droit de tirage et en prestige utilisable pour s'exprimer au-delà de la décence, au point que le succès se retourne sinon en catastrophe, du moins en échec. On critique volontiers aujourd'hui la dureté janséniste de la morale ascétique, volontiers sceptique, et prompte à mettre en garde l'homme agissant avec succès dans le monde d'une façon louée de tous et estimée. Sans aller jusqu'à la morale classique chrétienne, ne devrait-on pas penser à l'hybris des tragédiens grecs ? Tant de personnages royaux et héroïques qui aujorud'hui triomphent, mais demain plongent dans le piège tissé par la gloire qu'ils ont acquise. Dans le règne de l'émotion, dans l'univers du tout spectacle, l' "abbé Pierre" s'est trouvé, par sa foi unie à un tempérament généreux, particulièrement efficace pour faire la transition heureuse entre l'Eglise préconciliaire et ce que certains -mais qui s'entend dans l'Eglise catholique sur ce terme ?- appellent l "'esprit du concile", ce fameux esprit que les esprits chagrins extérieurs à l'Eglise catholique utilisent hélas souvent pour demander que l'Eglise se renie dans sa spécificité et dans sa nature, comme si, ainsi que le disait Marianne à l'heure des obsèques de Jean-Paul II, l'intérêt de l'Eglise ne résidait pas dans ce discours radicalement autre.

L' abbé Pierre, devenu célèbre par sa foi et son charisme, est hélas resté aux yeux du public "abbé" alors qu'il devenait plus que jamais "Henri Grouès". Il représente parfaitement l'achèvement du mouvement de sécularisation qui caratérise l'Europe contemporaine, où l'on glisse définitivement de la logique de la "charité", celle qui soulève les montagnes comme un certain jour de février 1954, à la logique de la "solidarité", où l'on piétine dans des opérations volontaristes coup de point, auxquelles la société civile oppose tantôt la surenchère socialiste, tantôt la démission libérale. Analysé d'un point de vue purement laïc, l'abbé Pierre est extrêmement intéressant autant du côté de l'analyse des phénomènes religieux depuis cinquante ans que des débats lancés et alimentés depuis son accession au trône de Saint Pierre par le pape Benoît XVI. Ce dernier - n'écoutons pas le pape, contentons -nous d'écouter déjà l'homme dont l'intelligence peut nous intéresser autant que le charisme d'Henri Grouès - ne cesse de répéter depuis plus d'un an que l'éloignement de la figure transcendante du Christ des catholiques fait disparaître le véritable mouvement de générosité au profit d'un humanitaire impuissant et condamné à la désespérance ou au volontarisme. L'abbé Pierre s'est trouvé - malgré lui ? ou bien est-ce la vieillesse ? - l'artisan de cette opposition presque gallicane à cette pensée religieuse romaine dans son fameux livre Mon Dieu... pourquoi ? publié en 2005 chez Plon. Il y prônait l'absence de condamnation de l'homoparentalité, le mariage des prêtres, l'ordination sacerdotale des femmes, l'usage du préservatif... Sacré abbé Pierre, à défaut d'être ce "santo subito" que réclament sur la Toile certains internautes fort peu catholiques !

Sacré abbé Pierre qui nous force à dire des mots durs à l'encontre d'un homme qui fut tendre. Mais si je dis, avec une fausse humilité, qu'il ne m'appartient pas de sonder son âme, cela revient à dire que je me refuse de penser, et que je cède au tout émotion de notre époque, que je préfère adhérer au concert des éloges ou des silences de ceux qui n'osent pas dire ce qu'ils pensent, en renonçant sottement au légitime travail de la raison et de la réflexion sur les intentions réelles, sur les fameuses "passions" que des siècles de littérature classique européenne ont analysé avec tant d'humanité dans leur quête de vérité et de sincérité à travers romans, opéras et oeuvres en tous genres. Oui, pour nourrir la générosité, il faut autant de vérité que de charité, et peut-être aujourd'hui, à l'heure où nous croyons dans le Vieux Monde être plus généreux que jamais, nous faut-il plus de vérité que de charité pour être davantage généreux. Est-ce qu'en effet le problème du logement, que les compagnons d'Emmaüs ont voulu régler, a reculé en France depuis 1950 ? Il semblerait que non, alors même que nous sommes plus riches qu'alors. Vive alors la solidarité qui, contrairement à l'émotion bon chic bon genre qui se libère sur les antennes et les blogs, a supplanté la charité personnelle pour donner une situation pire !

Le problème de l'"abbé Pierre", c'est qu'il ne faut pas suivre son exemple, si l'on veut vraiment l'admirer. Plus on admire l'homme, plus on voit disparaître la culture religieuse qui lui a imprimé l'ardeur au coeur. Plus on veut et plus on désire de nouveaux "abbé Pierre", - et qui n'en veut pas davantage, des gens qui drainent 500 millions de Francs sur un simple appel à la radio ? -, plus il faut considérer la générosité personnelle de l'époque d'où il venait et non l'émotivité superficielle de l'époque dans laquelle il a plongé.

Et plus on le critique, plus on devine le regard courroucé et perplexe des lecteurs de ces lignes, qui voudraient tant pouvoir adhérer sans réserve à un Français qui a un peu d'allure, malgré tout... C'est pourquoi le dernier mot me semble être le suivant, pour laisser la place aux condoléances, mais à des condoléances lucides : condamnons l'abbé Pierre, réhabilitons Henri Grouès. Car l'abbé Pierre a tué l'abbé Pierre. Au moins a-t-il rendu témoignage avec intensité à l'appel de la conscience humaine sécularisée devant la douleur du monde.
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Joe Lafrite
Haruspice



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Date d'inscription : 18/03/2006

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MessageSujet: Re: L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès   L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès EmptyDim 4 Fév - 12:58

Je crois que l'on peut dire de l'abbé Pierre qu'il fut un "homme de son temps", ou plutôt de "ses temps", car le monde a effectivement changé de face entre les deux "appels" de l'abbé, distants de cinquante ans. Entre 1954 et 2004, il n'a pas manqué quelques coups médiatiques mais n'a pas envahi radios, télévisions et journaux jusqu'à transformer "l'insurrection en institution". Au demeurant, s'il l'a fait, au fond, peut-on lui reprocher d'avoir exploité au mieux un système de communication qui se mettait en place irréversiblement? Peut-on lui reprocher d'avoir joué avec les émotions du coeur et de l'âme d'un public ultra-sensible et prompt à se donner bonne conscience par tous les moyens, au vu de la noblesse et de la hauteur de l'oeuvre qu'il créait?

Car l'abbé Pierre laisse quand même Emmaüs derrière lui, une structure dont il avait quitté la tête il y a longtemps, une structure au fond aussi discrète que le secours catholique dans le paysage médiatique traditionnel, sauf évidemment en ces jours de recueillement national. Emmaüs est une organisation internationale, qui crée des emplois et possède un chiffre d'affaire. Car si Henri Grouès fut aventurier, député, prêtre, résistant etc, il fut aussi un grand entrepreneur qui a prouvé que le social est une valeur qui elle-même peut créer de la valeur ajoutée. Quelle horrible langage pour parler d'un tel homme peut-on penser! Mais aujourd'hui, à l'heure où la législation se fait de plus en plus conciliante à l'égard des "investissements socialement responsables" (ISR), le facteur humain et social rentre peu à peu en considération dans les critères qui déterminent un nombre croissant d'investissements. Un exemple: la participation et l'intéressement au résultat des employés d'une entreprise est bloqué pour un nombre précis d'années. Une entreprise investit toujours ces fonds bloqués pour le faire fructifier. La loi actuelle impose qu'une part de ces fonds se porte sur des ISR. La campagne présidentielle m'a inspiré un idée: plutôt que l'ISF soit investit par ceux qui le payent intégralement dans des PME (idée de Sarkozy au demeurant très intéressante), la loi pourrait imposer qu'une partie soit orientée vers les ISR. Un exemple classique d'ISR: les société qui travaillent dans l'habitat social ou qui oeuvrent à l'intégration des jeunes.

Mais c'est vrai que l'argent constitue un moindre effort pour se donner bonne conscience, ce qui est bien quand on a de l'argent, c'est qu'il n'a pas vraiment d'importance, qu'on peut aller jusqu'à le mépriser ; infiniement plus précieux que l'argent, il y a le temps. C'est peut-être une frontière entre la solidarité et la vraie générosité. Il importe donc de revenir sur la nature de la générosité. L’effort qui consiste à s’affranchir de sa propre histoire pour poser une pensée et des yeux sur celle d’un autre est des plus difficiles. Il n’exige aucune violence à l’égard de soi mais au contraire un accès de bonté dans lequel le cœur se convertit à une cause plus juste, plus belle, plus haute en un mot plus heureuse que la sienne propre : celle d’un autre. Nous sommes tous appelés par l’abbé Pierre parce que la misère de l’autre, c’est aussi la nôtre ; parce que chacun n’évolue pas dans un vase clos ; parce que nos « pauvres intérieurs » viennent de nos « pauvres extérieurs ». La satisfaction d’un service offert à un autre est infiniment plus grande que celle de son propre service. Nous devrions tous nous interroger sur la possibilité d’offrir aux autres un service à la mesure de nos talents. L’abbé Pierre et l’Evangile enseignent que le partage et l’abandon apportent plus qu’ils n’enlèvent. Les hommes et les femmes qui ont donné à l’abbé Pierre ont échangé un bien pour un bienfait. L’abbé Pierre a su rendre à ceux qui l’avait perdue l’espérance que vivre demain vaut encore la peine.

L’abbé Pierre qui meurt, ce n’est pas seulement une icône qui passe à la postérité ; c’est une conscience qui s’éteint, un souvenir qui s’allume ; mais pour combien de temps? C'est pourquoi, comme le Panthéon semble avoir la vertu de maintenir à un certain niveau de souvenir et de gloire ceux qui y dorment, il me paraît heureux que l'abbé y trouve sa dernière couche. En tout cas si je deviens Président de la République un jour, j'irai m'incliner devant lui à mon éléction.
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Charles
Tribun



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MessageSujet: Re: L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès   L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès EmptyDim 4 Fév - 22:12

Entièrement d'accord avec tout ce que tu dis, d'autant que je trouve intéressantes ton analyse d'Emmaüs comme entreprise.

Juste une précision en revanche sur le sens de ma réflexion et quelques idées qui me viennent à l'esprit :
- panthéoniser l' "abbé Pierre", c'est définitivement séculariser la charité et pétrifier l' "insurrection de la bonté".
- ma réflexion portait sur les conditions socio-culturelles qui produisent des hommes de cette trempe : c'est à ce titre que je distinguais l' "abbé Pierre", l'homme catholique à ses débuts, de "Henri Grouès", l'humanitaire à sa fin. Car enfin qui n'a pas en tête des déclarations aussi contradictoires envers la vision qu'a sa religion du noyau de la famille, sur l'être humain, etc. ? Et qui ne peut pas se scandaliser de l'oraison funèbre qu'il a faite de Coluche en louant ses "convictions" quand il se permettait d'attaquer les pères de famille riches qui "auraient du sang sur les mains" lorsqu'ils reviennent chez eux et qu'ils embrassent leurs enfants le soir avant le coucher (c'était sur TF1 le jour de sa mort), parce qu'ils n'ont pas la même manière que lui d'exercer leur charité ? Et qui peut cautionner nécessairement les occupations de logements sociaux auxquelles il a participé sur la fin de sa vie ? Au bout du compte, et je repose ma question initiale, est-ce que l'abbé Pierre n'a pas tué l'abbé Pierre, car en étant admirablement, je dis bien admirablement, l'homme de son temps, il n'a pas compris qu'il était aussi dépositaire d'un patrimoine de valeurs spirituelles et d'une culture religieuse de la charité qui l'avaient formé et porté, lui ?

Ma réponse à cette question est "oui".

Il aurait mieux fait de s'informer sur la crise sacerdotale dans l'Eglise catholique d'Orient, qui pourtant marie les prêtres, avant de se lancer dans la revendication de l'ordination des femmes et des mariés. Il aurait mieux fait de penser à la richesse produite par les fameux pères de familles lorsqu'ils dirigent des entreprises qui font aussi, à côté de leurs défauts, de la création d'argent pour tirer les pauvres de la misère en leur donnant non seulement un toit, mais une dignité par un travail. Ses positions l'ont enterré avant qu'il ne s'en rende compte. Emmaüs fait un remarquable travail, mais je n'attends pas de la relève, Martin Hirsch en l'occurrence, très estimable responsable, qu'il puise dans Normale Sup ou l'ENA la force de la culture chrétienne qui l'a porté. Quelqu'un y croit, à l'insurrection de la bonté de Martin Hirsch ? Et qui ne voit pas dans le droit au logement opposable devenu la loi "abbé Pierre" la conséquence du travail de son image qu'Henri Grouès, apprenti sorcier de la médiatisation, a laisser déraper de la "foi" à la "revendication" ?
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Joe Lafrite
Haruspice



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Date d'inscription : 18/03/2006

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MessageSujet: Re: L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès   L' "abbé Pierre" ou Henri Grouès EmptyLun 5 Fév - 0:41

Il est certain que la vie de l'abbé Pierre ne fut pas parfaite et que comme nous tous il est pêcheur, c'est vrai également qu'il n'a pas fait forcément dans la dentelle et témoigné de la reflexion la plus aboutie dans ses prises de positions vis à vis du préservatif, de l'organisation du clergé, etc...

Mais le jugement qu'il faut porter sur l'abbé Pierre, car c'est celui-ci qui restera, est désormais un jugement historique. Je pense que l'abbé Pierre restera comme un grand mystique, vivant sa foi d'une façon opposée à la conduite de ses combats, c'est à dire sans spectcle, sans fioriture, sans calcul. L'abbé Pierre m'a semblé habité par un doute religieux à la fin de son existence en raison d'une part de ses dernière publications, de son incompréhension vis à vis d'une certaine Eglise, et d'autre part de ses intenses méditations dans divers retraites (Saint Vandrille...), comme si un trou s'était manifesté en lui.

Il restera comme un homme d'une profondeur insondable, comme une oreille intelligente, incroyablement disponible et bienveillante, enfin comme un homme, et tu l'as bien dit, qui puisait ses forces, son élan et sa joie dans l'exercice de sa foi; et à cet égard, on peut douter de la capacité de Martin Hirsch à conserver à Emmaüs un caractère à la fois chrétien et universel. Les positions radicales de l'abbé Pierre sur l'organisation de l'Eglise seront, je pense, reléguées aux annexes de l'Histoire.

L'homme d'action qu'était l'abbé Pierre n'a probablement pas fait preuve de la plus grande prudence religieuse, au sens latin du terme, c'est à dire d'une sagesse réfléchie, dans des matières qui agitent au plus au point la congrégation pour la doctrine de la foi! Comme les valeurs chrétiennes sont universelles, il a peu à peu fondu sa démarche dans un amour général de l'homme, lequel est la seule valeur qui compte et qui contient toutes les autres. La preuve de cet amour universel critique, vraiment situé sur une zone de crête, est que l'abbé Pierre a su toucher tout le monde. Montrer que l'abbé Pierre est dépositaire de la charité chrétienne et ne pas oublier cela, c'est notre travail, pas le sien. Je doute qu'il ait oublié qu'il manifestait une certaine expression de cette charité, il ne contrôlait son image qu'à travers les volontés changeantes des média. L'abbé Pierre, il est désormais ce que l'on en fait, ça doit être cela, la postérité!
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