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 ROYAL CANDIDATE

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Aubanel
Invité




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MessageSujet: ROYAL CANDIDATE   ROYAL CANDIDATE EmptyVen 17 Nov - 6:09

Les résultats sont là : une femme vient d'être élue au Parti Socialiste français pour devenir son candidat à la présidentielle. Cet événement, au-delà des clivages partisans internes au Parti Socialiste ou extérieurs à lui doivent nous amener à une réflexion lucide et réfléchie, afin de mesurer son caractère proprement historique.

Certes, cette candidature a largement été portée par une classe médiatique scandaleusement incapable en France de fixer des règles honnêtes et équitables de débat. Nous savons tous que la presse n'est pas plus capable de donner un temps de parole au Front National proportionnel à son importance politique qu'il n'a été capable de s'interroger sur les raisons patentes et manifestes de son implication décisive dans le succès de la candidature Royal, prenant sa revanche sur le lamentable échec du rouleau compresseur médiatique en faveur du "oui" au référendum sur le Traité Constitutionnel européen.Mais rien ne saurait occulter l'histoire en marche et son sens : quoiqu'on en dise, la victoire de Mme Royal est là, et ce phénomène a de beaux jours devant lui.

Qu'est-ce qui caractérise de manière si évidente tous les événements dits historiques ? C'est cette part de mystère, de miracle, voire de grâce, oserait-on dire, qui entoure une réalité que rien ne semble arrêter, comme si les arguments, l'expérience, la force, - et même, dans ce cas, le droit, ce me semble, vu la pauvreté au moins apparente du programme de Ségolène Royal, - ne pouvaient absolument rien faire.

D'abord l'élection d'une femme comme Mme Royal, dans un parti qui avait tous les traits d'une structure politique extraordinairement conservatrice, incapable de réfléchir objectivement sur les raisons évidentes de son échec du 21 avril 2002. Cette élection a balayé Lionel Jospin, si admiré il y encore peu de temps, malgré sa retraite. Mais elle a aussi balayé la politique virile et masculine d'énarques réputés brillants, dont l'expérience était incontestable.

Ensuite, l'élection à la tête du Parti Socialiste d'une femme dont la culture est clairement de droite. Tout, jusqu'à son nom, rappelle l'ironie du phénomène Mitterrand : une personnalité très marquée par son éducation de droite catholique, dont la culture familiale résiste aux fondamentaux du parti pour proposer un mélange explosif et perçu comme tel, donc idéal pour percer une année de présidentielle, quand bien même l'explosion ne ferait, par définition, que des dégâts.

Enfin, la capacité à avoir commencé à cristalliser cette fameuse rencontre entre un politique et un peuple, principe évident, bien que contestable en soi, de la Vème République telle qu'elle a été façonnée par le général de Gaulle. Ségolène Royal est tout sauf la femme d'un parti, et le lessivage permanent des journalistes depuis un an et demi, inédit dans une campagne présidentielle, à force de sondages voulant montrer que les Français en général la plébiscitaient comme adversaire de Nicolas Sarkozy, a contribué à préparer le terrain de cette rencontre entre la candidate et le peuple français au-delà des arcanes de parti. De ce point de vue-là, l'UMP part très mal dans la campagne, Nicolas Sarkozy étant parallèlement, depuis un an et demi environ, présenté comme un homme de parti, l'homme d'un parti, tant par les chiraquiens que par les instituts de sondages qui veulent prétendre que Nicolas Sarkozy peine à convaincre au-delà de son électorat.

Risquer des pronostics est toujours périlleux. Mais dans ce cas précis, bien que ne partageant pas du tout l'engouement des socialistes pour leur candidate, je me risquerais à dire qu'il y a comme une volonté aveugle de l'histoire à vouloir oser l'impossible, à donner une sorte de grâce au phénomène Royal. La presse québécoise proposait il y a une semaine un scénario très envisageable au sein de l'UMP, savoir que les chiraquiens feraient avec Nicolas Sarkozy ce qu'ils avaient fait en 1981 avec Valéry Giscard d'Estaing : faire perdre l'ennemi intérieur à la famille politique pour mieux préparer leur avenir. S'il n'y avait que cela, ce serait peut-être jouable. Mais comme en plus, Nicolas Sarkozy se trouve devant la quadrature du cercle, savoir, à la fois défendre un bilan de gouvernement et défendre la rupture en même temps, tout en ayant à justifier devant les Français d'une politique contre l'insécurité qui a parfaitement échoué, son élection est à moyen terme fort compromise par les tendances de fond. Nicolas Sarkozy n'est pas Royal, et rien, dans sa campagne, ne semble pouvoir incarner cette force tranquille portée par une sorte de grâce accordée par l'histoire à ceux qu'elle veut propulser envers et contre tout, raison, expérience, consistance et surtout capacité à être une synthèse au-dessus des partis des aspirations inconscientes et passionnelles d'un peuple. Sans compter l'aura incroyable que donne à la candidate du Parti Socialiste, aux yeux d'une certain nombre de Français, le processus dit démocratique de primaires. On peut d'ores et déjà voir en Nicolas Sarkozy un adversaire raisonnablement identique en qualités à Dominique Strauss Kahn, dit "compétent", connaissant les affaires, mais sans ce miracle politique dont prétendent avoir besoin des Français saturés par leur propension à la critique - en réalité déboussolés et en manque d'une femme qui incarne à leurs yeux le curieux mélange de maternage et de fermeté de l'Etat-providence français en mal de réanchentement.

Reste l'essentiel, le fait qu'au bout du compte, il n'y a, dans la volonté délibérée des media, que deux candidats dans cette campagne. Allez chercher François Bayrou entre les lignes, ou, bien évidemment, Jean-Marie Le Pen. Le système continue gentiment à défier les principes démocratiques sur lesquels il prétend s'ériger, façonnant les candidats à sa guise, violant les consciences politiques des citoyens et leur empêchant de connaître la vérité sur tous les candidats. De ce viol résulte ce que le pape Jean-Paul II appelait "le totalitarisme sournois" des démocraties occidentales européennes, dont l'organisation n'est plus ni moins que celle de l'Etat "SS", la politique Ségo - Sarko. Ce n'est pas une plaisanterie de mauvais goût : c'est un dégoût devant le viol lamentable du débat, réservé aux seules primaires du Parti Socialiste et, au mieux, aux débats entre socialistes et sarkozistes.

Aux Etats-Unis, dans la patrie de M. Bush, la liberté d'expression n'est pas si menacée. Faudra-t-il que l'échec de cette présidentielle amène encore plus de Français à s'expatrier vers Londres, New York, le Canada ou l'Australie ? Près de 800 000 Français vivent actuellement là-bas. Combien les rejoindront demain ?
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Joe Lafrite
Haruspice



Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 18/03/2006

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MessageSujet: Re: ROYAL CANDIDATE   ROYAL CANDIDATE EmptyVen 17 Nov - 21:33

Les Français qui partent à l'étranger ne sont pas des réfugiés politiques ou des exilés en froid avec la ""démocratie" française". Que signifie ton expression "l'echec de la présidentielle"? Est-ce que ton candidat n'est pas élu ou que tu lui trouve un caractère antidémocratique? Ceux qui partent de France vers Londres par exemple sont de jeunes actifs, souvent dans la finance, qui même s'il peuvent s'intéresser à la politique et être déçus de la pratique que l'on en fait en France, ne sont pas des exilés.

Après cela, je partage ton analyse et ton amertume. Pour moi le fait marquant est que Ségolène a refusé de débattre en tête à tête avec ses compétiteurs sur les sujets, justement largement cautions à débat, qu'elle prenait soin de "lancer" avant les confrontation télévisuelles ou à huis clos. Là se situe le déni de démocratie et la frustration que toi comme moi visiblement ressentons en tant que spectateur de ce qui devrait être un dialogue et n'est finalement qu'une succession de monologues où les candidats s'affrontent par "petites phrases" interposées. En cela la discussion politique prend un tour puéril, presque caricatural. Je le dis, ce que j'attends, c'est le débat en tête à tête avant le second tour entre les finalistes, c'est à dire le basique exercice de l'outil fondamental de la démocratie: le dialogue conflictuel.
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Aubanel
Invité




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MessageSujet: Re: ROYAL CANDIDATE   ROYAL CANDIDATE EmptyVen 17 Nov - 22:07

Je ne le dirai pas avec les mêmes mots, mais je soutiens qu'en un sens, les Français expatriés ont un côté exilés politiques. En fait, exilés "économiques", mais comme l'économie fait l'essentiel de la politique aujourd'hui... Là où je ne te rejoins pas, ce sont ces Français qui partent à Londres, qui seraient tous financiers : cette catégorie, bien que prestigieuse, et parce que élitiste, ne constitue pas la majorité des Français installés à Londres. Ce sont au contraire des Français que l'on retrouve par dizaines comme serveurs de café, de pub, de restaurants... Or, comment expliquer qu'ils traversent la Manche (il y a 300 000 Français à Londres) pour se mettre dans des conditions de travail dont la sécurité est extrêmement faible, sinon par désaveu du système tout protecteur et extrêmement décevant qu'est celui de la France ? Cet appel irrésistible à s'expatrier revient en l'occurence, non pas à s'expatrier au sens organisé du terme, comme l'image que nous avons souvent de ces Français qui sont envoyés par leurs entreprises, ou les fonctionnaires Français en ambassades, dans les services culturels ou encore militaires : non, il s'agit bien d'une forme d'émigration, liée au sentiment que tout vaut mieux que l'hypocrisie du système économique français qui ne dessine aucun horizon.

Pour ce qui est de Ségolène Royal, plus j'y pense, plus je trouve que c'est l'emblème d'une dérive grave de la politique, que seule sa beauté et son côté glamour permettent de masquer. Quelque chose me dit qu'il n'y aura pas de débat dans cette présidentielle. Si elle prend une posture virile, tout le monde lui en saura gré : ah, cette femme, quel courage, quelle audace, elle a vraiment la carrure d'un président... Et si elle prend un posture de victime, personne ne le lui reprochera : vraiment, il faut voler à son secours contre les méchants matchistes, oui, il faut créer cette démocratie participative par laquelle on porte le candidat, on porte le président... Et je rajouterai : dans la mesure où sa victoire est due au fait d'avoir sans cesse battu en brèche les tabous du Parti Socialiste, j'ai du mal à voir le défaut de la cuirasse, le talon d'Achille qui pourrait enfin ouvrir les yeux sur la supercherie. Cela m'écoeure. Dans la presse britannique, BBC comme Dayli Telegraph, ils n'ont pas de mots assez durs pour permettre au moins d'identifier la manoeuvre permanente de cette femme, dont la seule nourriture sont les enquêtes d'opinion. Mais ici, voyez la presse d'aujourd'hui : une mauvaise volonté patente à essayer de comprendre le phénomène dans toutes ses dimensions, y compris négatives.

Non, je ne vois qu'un seul talon d'Achille : qu'elle se fasse piéger par la gauche de la gauche. Pour cela, il faudra que la droite y donne un petit coup de main...

Dernière remarque : je crois que nous assistons, avec ces primaires, à un événement décisif dans la vie politique française, qui signifie, à mon sens, la fin de la multiplicité des partis. Dans la mesure où les media accordent une attention aussi incroyable à un seul ou deux partis, et se refuse à donner autant de temps de parole aux autres partis, dont l'expression politique cherche d'autres voix que les primaires, je ne vois ce qui peut maintenant arrêter la bipolarisation accélérée de la vie politique française. D'autant plus qu'avec le système des primaires se formalisent des courants internes aux partis couverts par les media, si bien que des gens peuvent y trouver leur compte en termes de débat : sauf que ce débat aura été interne, alors que jusqu'ici, le débat se faisait en externe, entre des représentants de plusieurs partis. Cette évolution est clairement et largement due, non seulement au Parti Socialiste, mais surtout au fait que les media se soient rendus complices de cette mesure. Je dis complice au sens non pas d'un soi-disant complot : non, comme toujours, c'est plus par bonnes intentions suintantes de mauvaise volonté à être honnête pour tous que l'enfer se crée.

J'en reviens donc à mon intuition : je pense que les Français risquent fort de continuer à rêver avec une telle femme, et que les plus volontaires et énergiques, lassés de ces "désirs d'avenir" sans contenu, pourraient bien poursuivre leur ralliement de facto au modèle anglo-saxon en s'expatriant dans les pays du Commonwealth ou aux Etats-Unis. Pourquoi, comme on dit souvent maintenant, ne pas préférer l'original à la copie ? Au lieu de laisser la France s'imprégner mollement et sans volonté ferme de cette culture libérale anglo-saxonne qui jette aux oubliettes les traditions nobles de la politique, de la pensée, de la culture françaises, au coeur de l'Europe, mieux vaut encore vivre intensément la culture anglaise à Londres, la culture américaine à New York ou à San Francisco, la cutlrue canadienne à Toronto, ou australienne à Sydney.
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